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Derek – Entre compassion et distance

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DerekRicky Gervais possède un talent exceptionnel pour mettre en scène le malaise. La gêne est l'outil qu'il manie avec le plus d'aisance (et de délectation) dans chacune de ses créations. Il entretient avec ce sentiment une sorte de connivence qui ne lui fait jamais défaut. Depuis The Office et Extras, l'humour est là, présent dans toutes ses comédies, mais finalement ce n'est pas lui qui occupe le coeur de la narration. Non, l'essentiel du talent de Gervais est de savoir créer ces situations face auxquelles on se dit: "non, non, non, le personnage ne va pas faire ça. Il ne va pas de fourvoyer encore un peu plus".

Il fallait certainement du courage pour mettre en scène le personnage de Derek, un type de 49 ans légèrement simplet qui sert d'aide dans une maison de retraite de la banlieue de Londres. Le comédien avait incarné pour la première fois ce petit homme lors du Fringe Festival d'Edimbourg en 2001. La question est de savoir s'il était nécessaire de rouvrir les portes de cet univers presque clos pour une deuxième saison sur Channel 4 ?

Il suffit de suivre Ricky Gervais sur Twitter pour se rendre compte de son attachement au personnage de Derek. Un attachement aussi grand (sinon plus) que celui porté à David Brent, manager de la succursale de la papéterie Wernham–Hogg, qui lui avait assuré une célébrité internationale avec The Office.

Face à Derek Noakes, on est partagé. On hésite. On se tient à mi-chemin entre une forme de compassion, une sollicitude spontanée face à son handicap, son caractère enfantin et cette espèce de bonté naturelle qu'il exsude constamment, et une sorte de réserve distante. On regarde le monde à travers ses yeux, avec sa naïveté qui se révèle parfois être pleine de sagesse.

Dans le troisième épisode de la deuxième saison (actuellement en cours de diffusion), Derek interroge un financier pour tenter de comprendre à quoi peut servir l'obsession de l'argent. Evidemment, l'argentier se trouve rapidement à bout d'arguments et Derek triomphe en démontrant qu'on peut être heureux sans être riche. Le procédé fonctionne parfaitement même s'il est un peu facile.

Le caractère touchant et enfantin est illustré lors d'une visite au zoo de Londres lors de l'épisode 4. La rencontre entre Derek et les animaux ressemble à une sorte de conte que l'on raconte pour endormir un petit. En réalité, cette scène sert à mettre en valeur deux choses: la première est la similitude entre les bestioles et les pensionnaires de la maison de retraite. La deuxième accentue le caractère choquant, outrancier ou grotesque de certains comportements qui émaillent la vie dans l'institution gériatrique.

Dans ce monde aux contours restreints, le personnage antagonique est Kev (David Earl), un bon à rien alcoolique qui passe son temps à vider des bières en étant affalé dans un fauteuil. Tout l'oppose à Derek et pourtant leur proximité est grande comme s'ils étaient les deux visages d'une même personne.

Tout cela fonctionne parfaitement. L'ennui est que les choses sont devenues un peu trop évidentes, les ficelles que tire Ricky Gervais sont désormais un peu trop visibles. La saison 1 constituait une véritable découverte et un réel plaisir.

La saison 2 donne le vague sentiment que le comique britannique a fait un peu le tour de son personnage. Il lui faut fortement insister sur le contraste entre Derek et le monde dans lequel il vit pour capter notre attention.

Cela étant dit, Derek demeure une demi-heure d'excellent divertissement chaque semaine. La série se regarde encore mieux en y associant la quatrième saison de Louie qui a repris sur FX.

(Photo: Channel 4)


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